Musique : K.Weill
Livret : B.Brecht
Travail d’Atelier réalisé par les élèves du Conservatoire National Supérieur de Musique (en 1992)
Du 11 MARS au 10 AVRIL 1993
Le 9 mars 1930 eut lieu la première de l’Opéra de Mahagonny de B. Brecht et de K. Weill. L’oeuvre provoqua une bataille houleuse entre partisans et détracteurs. Rien n’est plus caractéristique de l’état intellectuel de l’Europe entre les deux guerres que la dichotonomie entre anarchie et ordre. Cela se manifeste tout spécialement dans les oeuvres d’art.
La ville de Mahagonny, où se situe la tragique pièce de B. Brecht est une caricature symbolique de la liberté : un lieu légendaire où chacun peut vivre comme il veut.
Si en 1930, cette allégorie n’était pas innocente pour B. Brecht et K. Weill, qu’en est-il 60 ans plus tard ?
Après la chute du mur, l’écroulement du socialisme, les difficultés du capitalisme face aux aspirations venues de l’Est, quel sens prend cet ouvrage ?
Le mythe d’une Mahagonny toute occidentale, ne vient-il pas de s’écrouler aussi ?
J’ai eu l’occasion cet été de voir Berlin, Dresde et toutes ces villes de l’ex-RDA en compagnie d’un photographe, Claude Caroly, le choc fut terrible. Ordre et anarchie se côtoient à nouveau dans un univers de grand désarroi.
Le travail que nous vous présentons est celui d’un atelier autour de Mahagonny où chacun a pu découvrir un style, une dramaturgie, une musique très spécifique, mais il est sûr que nos préoccupations quotidiennes face à ces bouleversements d’Europe Centrale se retrouvent dans le travail.
En deuxième partie un cabaret de chanson 1990, commande à des compositeurs contemporains.
Producteur : La Péniche Opéra
LA PRESSE EST PARLE
La direction musicale est ici confiée à Erika Guiomar, les acteurs-chanteurs se montrent excellents, convaincus, vigoureux, et le spectacle se déroule dans une péniche… bravo encore pour cet opéra juvénile
P. David-Réforme
Forte de ses impressions recueillies récemment en ex Allemagne de l’Est, Mireille Larroche a eu la judicieuse idée de dresser un parallèle entre cette Allemagne des années 30 et le Berlin postcommuniste d’aujourd’hui. Costumes modernes et projections diapositives « noir et blanc » de la nouvelle capitale d’Allemagne. A une mise en scène sommaire mais convaincante dans un lieu exigu mais convivial, répond une réalisation musicale soignée et homogène, entourée de six jeunes et talentueux chanteurs… en seconde partie un réjouissant Cabaret dans lequel se rencontrent Weill, Poulenc ou Bobby Lapointe.
P. Venturini La Croix
Le cabaret a pris au XXème siècle la succession des salons aristocratiques et des cafés bourgeois : c’est là que se fait l’art et se défait la politique.
C’est ce que nous explique M. Larroche, grande prêtresse de la Péniche Opéra, principale usine à rêves de la capitale, dans « Cabaret Mahagonny 1930-1990 » d’après l’opéra de Brecht et Weill des années 30. Soixante ans plus tard, après la chute du mur de Berlin et de nos illusions, tout serait-il « comme avant » ? Peut-être. L’Europe Centrale, en tout cas, est en pleine déconfiture, incapable d’assumer sa jeune liberté, en proie aux vieux démons d’Entre deux – guerres. Un atelier en forme de variations sur la ville mythique, mi-Babel, mi-Sodome, inventée par Brecht pour conjuguer le sort, c’est ce que propose Mireille Larroche. Une réflexion qui jamais n’étouffe le spectacle.
J. Doucelin Le Figaro