Nouvelle adaptation et mise en scène de Mireille Larroche, assistée de Jean Philippe Corre et Francesca Bonnato
Direction musicale d’Alexandre Piquion
Décors et costumes : Camille Vallat
Lumières : Arthur Michel
Chorégraphie : Eric Belaud
DISTRIBUTION
Suzanne : danseuse – Dima Bawab
Marion : montreuse d’Ours – Ségolène Bolard
Grand Pingouin : lutteur et acrobate – Frédéric Cornille
Paillasse : un clown – Cyril Héritier
Le directeur du cirque Malicorne – Alain Iltis
Madame Malicorne, directrice du cirque Malicorne – Raphaële Andrieu
André, comédien journaliste – Jean-François Baron
Le comte de l’Etiquette: producteur de films et de séries – Nicolas Rigas
Pinsonnet : un nain
Le patron de l’hôtel, responsable du catering – Jean-Baptiste Saunier
Rigobin réalisateur de TV
Codaret-Bertillard ingénieur son, puis assistant – Martin Loizillon
Un caméraman : – Alain Rastoin
Mme Bernardin, la secrétaire de production – Julie Mauchamp
Monsieur Bernardin : son mari – Pascal Canitrot
Le directeur de la chaine – Saeid Alkhouri
Le directeur des programmes – Julien Desplantes
Une journaliste – Marie Simoneau
Son mari (un choriste)
Un Brigadier/gendarme (un choriste)
L’habilleuse
La maquilleuse
Le perruquier
Les Saltimbanques
Adaptation libre de Mireille Larroche
J’aime les ouvrages qui parlent du théâtre, des artistes ; qui mettent en scène des circassiens, des comédiens, des chanteurs. J’aime le théâtre dans le théâtre. C’est donc avec une certaine jubilation que je me suis penchée sur cet ouvrage dont le texte n’est pas d’une qualité exceptionnelle, il faut bien le reconnaitre. Mais la musique est charmante. Tout en gardant la dimension festive de l’ouvrage, nous en avons fait une relecture et une transposition contemporaines. Nous avons resitué l’histoire aujourd’hui, dans notre époque traversée par de nombreux questionnements.
Ces Saltimbanques nous permettent d’interroger le statut du spectacle vivant et la place du comédien dans notre société. Tantôt « saltimbanque », « fainéant », « assisté », rejeté aux bancs de la société, tantôt « adulé », « vénéré » jusqu’à l’hystérie, « hyper marchandisé », et intégré dans le système économique et politique dominant, l’artiste de spectacle vivant peut-il survivre aujourd’hui ? Sa pratique a-t-elle encore un sens ? Le malaise dont souffrent les « Saltimbanques » témoigne à sa manière du malaise de notre société
C’est aussi une réflexion sur la fragile frontière qui existe entre la fiction et la réalité. Où commence la représentation ? Où s’achève le réel ? Peut-on faire confiance à un théâtre réaliste ?
Au milieu d’une cité dortoir d’une banlieue urbaine des artistes de cirque, exploités par un patron violent, viennent faire leur parade sous les quolibets de la foule. Il y a là Suzon, une acrobate qui a été placée par la DDASS, Marion une ancienne secrétaire reconvertie en dompteuse de lion, Grand Pingouin un acrobate et Paillasse le clown.
Décidés à fuir leur ancien patron qui les maltraite, nos quatre artistes vont créer un nouveau cirque : « les Gioletti ». Ils vont tenter de survivre en jouant de ville en ville. Mais rien ne va plus. Les spectateurs, devant leur TV et leur écran d’ordinateur, ne sont plus aux rendez-vous. Contraints d’animer les quinzaines commerciales, de vivre de petits boulots, ils vont errer à la recherche du cachet. Ils finiront par se faire engager comme figurants chez un producteur TV de séries et de shows télévisuels : Que reste-t-il de leur amour du théâtre, de leur vie de saltimbanques ? Se déguiser en Pingouin pour animer des quinzaines commerciales. Etre choristes dans des shows de variété. Compter ses cachets pour garder son statut d’intermittence. Qu’est devenu leur beau rêve de changer le monde grâce au théâtre ? Au milieu du numérique, du cinéma, d’internet n’est-il pas dérisoire et futile que de vouloir faire du théâtre ?
Le plateau se vide peu à peu, les figurants se déshabillent, les décors se démontent, la boite aux illusions est vide : Suzon, Paillasse, Marion et Grand Pingouin reprennent la route, mais vers où ? « On s’amuse on applaudit pendant que dure la pièce et puis le rideau s’abaisse et quelqu’un vient qui nous dit : demain affiche nouvelle, aujourd’hui plus rien à voir. Adieu mes amis, adieu mes amis on va souffler les chandelles. Oui un instant mon cœur joyeux s’est empli de chimères, un tas de folles lumières ont dansé devant mes yeux, mais à présent où sont-elles, autour de moi tout est noir. » (Offenbach, la Belle Lurette).
Fév 2019. Mireille Larroche
La Presse du Spectacle : Forum Opéra / Classique Provence / Feuillets de l’Opéra.
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