8 Songs for a mad king, Peter Maxwell Davies
Mots Bruts, Alexandros Markéas (commande de la Péniche Opéra)
Tout d’abord sur un mode expressionniste nous nous intéresserons à l’incarnation d’un roi fou proposé par Peter-Maxwell Davies dans Eight songs for a mad king. Partition exceptionnelle. Ensuite nous nous emparerons d’écrits du fou qu’Alexandros Markéas amplifie en une installation visuelle et sonore. La norme, tant celle du langage que celle du comportement, révèle la présence de la folie par défaut, en mettant en valeur ce qui lui est extérieur. Le fou dont il s’agit dans ces deux pièces souffre de la frontière. L’enfermement concret ou/et psychique devient le cadre ou la raison de son expression. Une ligne mouvante nous sépare du fou, nous pouvons nous en approcher au plus près, nous pouvons faire un pas dans son territoire, nous pouvons parfois lui ressembler; le créateur, le poète, l’artiste, par les processus de transformation de la norme, par les jeux de transgressions est, parfois, naïvement assimilé au fou.
Mais le fou ne joue pas. Son royaume n’est pas de notre monde et il souffre. A en croire Gilles Deleuze, nous écrivons à la place de ceux qui ne peuvent pas écrire. Notre sujet est ici de tenter de jouer à la place de celui qui ne peut jouer. Notre propos se nourrit de l’oscillation entre deux pôles de perception de la présence du fou.
D’autre part, avant même de pouvoir comprendre le fou, il est peut-être important de l’écouter et de le regarder tel qu’il apparaît dans la simplicité de la rencontre en nous prêtant ainsi au jeu enfantin du « comme si » (comme si nous partagions en tous points le même territoire, les mêmes normes, comme s’il était un artiste etc.). Par cette alternance dialectique, peut-être pourrons-nous mieux saisir ce qui nous différencie et ce qui nous rapproche.
Note d’intention d’Alexandros Markéas
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